L’endométriose est une maladie bénigne chronique qui est actuellement définie par la présence d’un épithélium semblable à de l’endomètre (muqueuse qui tapisse l’intérieur de l’utérus) et/ou de stroma endométrial en dehors de l’endomètre et du myomètre (muscle utérin), généralement associée à un processus inflammatoire1. C’est une maladie hormono-dépendante, ce qui signifie que ce tissu « mal situé » continue à répondre à la stimulation hormonale des ovaires, avec un épaississement puis une élimination (comme les règles), à l’extérieur de l’utérus, qui ne peut s’évacuer et qui entraîne une inflammation locale importante. 

L’adénomyose est définie par la présence de tissu endométrial ectopique (stroma et glandes endométriales) dans le myomètre 2.

La fréquence de ces pathologies est difficile à apprécier car les présentations cliniques sont multiples et variées. Le diagnostic est donc difficile mais l’endométriose toucherait au minimum 10% des femmes en âge de procréer et jusqu’à 50% des patientes infertiles, représentant plus de 190 millions de femmes à travers le monde. L’adénomyose pourrait toucher jusqu’à 20 % des femmes en âge de procréer 3.

Les symptômes

Les principaux symptômes décrits (non exhaustifs) sont :

  • Douleurs de règles (dysménorrhée)
  • Douleurs pendant les rapports sexuels (dyspareunie)
  • Douleurs en allant à selles pendant les règles (dyschésie)
  • Douleurs de type cystite pendant les règles
  • Douleurs pelviennes chroniques
  • Infertilité
  • Fatigue (chronique)

Les symptômes sont très variables d’une femme à l’autre et peu corrélés à l’importance de la maladie.

Certaines patientes ne présentent aucun symptôme mais la douleur est généralement à l’avant-plan. Les symptômes sont majoritairement décrits au moment des règles mais des douleurs en dehors des règles peuvent également apparaître 4

A cause de l’inflammation, une infertilité peut également être retrouvée et est parfois le seul point d’appel. L’inflammation locale, en plus de la douleur et de la sécrétion péritonéale de substances toxiques pour les ovocytes et l’embryon (supposée) entraînera la formation d’adhérences, c’est-à-dire l’accolement des organes pelviens entre eux, particulièrement des trompes, pouvant entraîner des obstructions et un mauvais fonctionnement de celles-ci. 

L’endométriose peut entraîner une altération de la qualité de vie avec un impact au niveau sexuel, social, professionnel et psychologique 5.

Types d'endométriose

Il existe différentes formes d’endométriose pelvienne et celles-ci peuvent être associées les unes aux autres, rendant parfois la prise en charge complexe 6 7 8 :

Endométriose péritonéale

Le péritoine est la fine membrane qui recouvre tous les organes abdominaux (feuillet viscéral) et les contient comme dans un grand sac (feuillet pariétal). C’est aussi dans le péritoine que circulent tous les nerfs de la sensibilité. L’endomètre expulsé par les trompes lors des règles peut se réimplanter sur le péritoine et y entraîner une réaction inflammatoire importante et douloureuse lors des règles. Il s’agit souvent de petites lésions rouges qui ne sont visualisables qu’en laparoscopie. Le péritoine va réagir à ces inflammations régulières en essayant de cicatriser, et en créant souvent de la sorte des adhérences des organes pelviens entre eux. Il s’agit généralement d’une forme très douloureuse au moment des règles mais moins pendant les rapports.

Endométriose ovarienne ou endométriome

L’endomètre ectopique se trouve au sein même de l’ovaire, où il continue à subir les influences hormonales et donc produire des règles chaque mois. Ce sang va s’accumuler dans l’ovaire et finir par y former un kyste, appelé communément kyste chocolat (vu le contenu du kyste qui ressemble à du chocolat fondu). Ces kystes peuvent donner des symptômes de douleurs cycliques ou non cycliques qui peuvent être exacerbées en cas de rupture. Des chirurgies répétées au niveau des ovaires peuvent altérer leur réserve et impacter leur fonction, il n’est donc pas toujours nécessaire de les traiter.

Endométriose de la lame recto-vaginale

Il s’agit d’une forme profonde d’endométriose, qui, comme son nom l’indique, se situe entre le rectum et le fond du vagin. L’endométriose prend ici la forme d’un nodule dur et douloureux, constitué d’endomètre mais aussi de fibrose importante, reflet de la réaction inflammatoire autour de l’endomètre ectopique. C’est une forme qui occasionne des douleurs pendant les règles mais aussi et surtout lors des rapports sexuels. Son impact sur la fertilité est probablement faible. Lorsque le nodule est très volumineux, il peut envahir le rectum en arrière ou les uretères latéralement, qui sont les petits « tuyaux » qui vont du rein à la vessie. En fonction de sa taille, il est généralement recommandé de le traiter pour éviter son extension vers ces organes.

Endométriose vésicale

Il s’agit d’une forme profonde d’endométriose, qui, comme son nom l’indique, se situe entre le rectum et le fond du vagin. L’endométriose prend ici la forme d’un nodule dur et douloureux, constitué d’endomètre mais aussi de fibrose importante, reflet de la réaction inflammatoire autour de l’endomètre ectopique. C’est une forme qui engendre des douleurs pendant les règles mais aussi et surtout lors des rapports sexuels, ainsi que des plaintes urinaires. Son impact sur la fertilité est probablement faible. Lorsque le nodule est très volumineux, il peut envahir le rectum en arrière ou les uretères latéralement, qui sont les petits « tuyaux » qui vont du rein à la vessie. En fonction de sa taille, il est généralement recommandé de le traiter pour éviter son extension vers ces organes.

Il existe également des formes d’endométriose qui sont extra-pelviennes (pariétale, cicatricielle, nerveuse, diaphragmatique, pulmonaire, …) 9. Vu la fréquence très faible de ces formes d’endométriose, une prise en charge et un traitement spécifique et adapté sera discuté avec vous en consultation.

  1. Tomassetti C, Johnson NP, Petrozza J, Abrao MS, Einarsson JI, Horne AW, et al. An International Terminology for Endometriosis, 2021. J Minim Invasive Gynecol [Internet]. 2021 Nov 1 [cited 2023 Jul 11];28(11):1849–59. Available from: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34690084/
  2. Bourdon M, Santulli P, Marcellin L, Maignien C, Maitrot-Mantelet L, Bordonne C, et al. Adenomyosis: an update regarding its diagnosis and clinical features,2021. J Gynecol Obstet Hum Reprod, 50(10), 102228. Available from: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34520877/
  3. Zondervan KT, Becker CM, Missmer SA. Endometriosis. Longo DL, editor. N Engl J Med [Internet]. 2020 Mar 26 [cited 2023 Jul 10];382(13):1244–56. Available from: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32212520/
  4. Zondervan KT, Becker CM, Missmer SA. Endometriosis. Longo DL, editor. N Engl J Med [Internet]. 2020 Mar 26 [cited 2023 Jul 10];382(13):1244–56. Available from: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32212520/
  5. Corte L Della, Di Filippo C, Gabrielli O, Reppuccia S, La Rosa VL, Ragusa R, et al. The Burden of Endometriosis on Women’s Lifespan: A Narrative Overview on Quality of Life and Psychosocial Wellbeing. Int J Environ Res Public Health [Internet]. 2020 Jul 1 [cited 2023 Jul 10];17(13):1–17. Available from: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32610665/
  6. Tomassetti C, Johnson NP, Petrozza J, Abrao MS, Einarsson JI, Horne AW, et al. An International Terminology for Endometriosis, 2021. J Minim Invasive Gynecol [Internet]. 2021 Nov 1 [cited 2023 Jul 11];28(11):1849–59. Available from: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34690084/
  7. Zondervan KT, Becker CM, Missmer SA. Endometriosis. Longo DL, editor. N Engl J Med [Internet]. 2020 Mar 26 [cited 2023 Jul 10];382(13):1244–56. Available from: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32212520/
  8. Nisolle M, Donnez J. Peritoneal endometriosis, ovarian endometriosis, and adenomyotic nodules of the rectovaginal septum are three different entities. Fertil Steril [Internet]. 1997 [cited 2023 Sep 5];68(4):585–96. Available from: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9341595/
  9. Merlot B, Ploteau S, Abergel A, Rubob C, Hocke C, Canis M, et al. Endométriose extra-génitale : atteinte pariétales, thoraciques, diaphragmatiques et nerveuses. RPC Endométriose CNGOF-HAS. Gynécologie Obstétrique Fertilité & Sénologie . 2018 Mar 1;46(3):319–25.